Départ du Père Charles

Ecrire un témoignage pour le Père Charles, je dois bien l’avouer, n’est pas si facile car en réalité, je ne le connaissais pas bien. La preuve, et je dois bien l’avouer, c’est finalement en lisant ces beaux témoignages dans le blog que je découvre qui était LE Père Charles.

Nous nous étions bien croisés à l’occasion de quelques repas partagés et là, oui, je peux témoigner qu’il était heureux comme un poisson dans l’eau, ravi de passer un petit moment simple, avec des gens simples autour d’un repas simple. Comme déjà évoqué dans quelques témoignages, je peux confirmer également à quel point il aimait chanter la « Ballade des gens heureux », celle de Charles, celle que tout le monde entonne pour lui faire plaisir et aussi pour se faire plaisir. En effet, les plaisirs du Père Charles étaient aussi contagieux que le Covid. Quelques notes, un petit sourire, et hop, un petit moment de joie pour tout le monde.

Ces derniers temps, ce n’est malheureusement pas trop lors des repas partagés qu’il se montrait le plus souvent, même avant le Covid. Peut-être que c’est lors d’une messe qu’il co-célébrait qu’il apparaissait, rarement, à ses paroissiens. Et c’est d’ailleurs le témoignage que je veux faire au sujet du Père Charles. MON meilleur souvenir du Père Charles correspond certainement à cette messe avec ses pairs, à Sainte Bernadette, un samedi soir, pendant laquelle nous avions célébré ses 50 ans de sacerdoce. C’est sans doute la dernière fois que je l’ai vu d’ailleurs, fatigué, oxygéné, équipé mais pourtant « très en forme », le verbe haut.

Evidemment, je ne me rappelle plus très bien de tout mais suis bien certain que notre petite chapelle n’a jamais était aussi remplie depuis !! Je me souviens également assez bien son homélie, surtout lorsqu’il a commencé à dire, « Vous voudrez bien m’excuser par avance, mais, vous commencez à en avoir un peu l’habitude, ce que je vais vous dire va peut-être un peu vous choquer ». Vous le reconnaitrez bien là et c’est bien sûr avec un petit sourire malicieux en coin qu’il regardait ses paroissiens de l’air de dire « Je vais être un peu provocant sur le style mais vous savez que c’est une gentille pique et qu’à la fin la conclusion restera très digne ». Et son auditoire, déjà conquis, lui rendait bien, car au sourire de Charles, nous répondions par un sourire de connivence signifiant « Tu peux y aller Charles, nous te connaissons bien et accepterons ton prêche quel qu’il soit ! ». Et le Père Charles d’avouer quelque chose du style « Autant je ne suis pas sûr de savoir qui est Dieu, autant je suis sûr de retrouver une part de divinité en chaque Homme ».

Le Père Charles avait évidemment sa ligne directe avec le bon Dieu et le lendemain de son enterrement nous entendions dans les églises, comme une évidence, « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tous ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ». J’ai bien vu la croix que le Père Charles a portée, dont celle de la maladie pendant ses dernières années. La croix est pour nous un rappel de ces 2 commandements. Comme Baptisé, comme Prêtre, Charles était conscient et par-dessus tout reconnaissant de l’amour infini de Dieu, d’être un enfant racheté. Au-delà, c’est évidemment sa personnification de la traverse horizontale de la croix que je veux reconnaitre, sans doute comme beaucoup, en lui. Comment offrir un véritable amour au Père sans un amour tout aussi véritable pour ses frères, ses collègues, ses voisins ???? Ainsi, je ne peux pas faire autrement en témoignant du Père Charles que de faire écho à l’évangile selon Saint Matthieu du 20 Aout, en reprenant celui selon Saint Jean (1 Jn 4, 20) « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. ».

Qu’est-ce qu’il aimait Dieu ce Père Charles !!! 

Cher Charles, maintenant que tu nous précèdes là-haut, continue à bien prier pour nous, à nous aimer. Nous en faisons autant et ne t’oublions pas. 

Olivier C.


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