Charles, serviteur, était totalement donné

Obsèques de Monsieur l’Abbé  Charles de Llobet

 

À l’église Sainte-Radegonde à Colomiers le 19 août 2021

 

2e Timothée, ch. II, v. 8-13 -Psaume 102 – Saint Jean : ch. XIII, v.1-5 et 12-20

(homélie par M. l’abbé Jean-Claude Meyer)

 

Chers Amis, et particulièrement vous, ses frères et sœur,

 

En faisant son engagement au Prado en 2017, notre frère Charles de Llobet déclara : « Il y a quarante ans que j’y suis tombé dedans ! » Charles avait  compris l’invitation du Bienheureux Antoine Chevrier à « Suivre Jésus-Christ de plus près ». « Dans une circonférence, il y a un  centre d’où partent tous les rayons et vers lequel tous les rayons se dirigent. Jésus-Christ est aussi le centre où tout doit se réunir. La crèche, le calvaire, le tabernacle ne sont-ils pas les centres où doivent se rencontrer tous les hommes pour recevoir la vie, la paix et repartir de là pour aller à Dieu ? » (V.D., p. 104). Notre frère Charles a ainsi suivi Jésus-Christ.

« La crèche ? » : Vous la connaissez : voilà des bergers qui y viennent, cad. des personnes humbles et pauvres. La crèche, c’est aussi l’annonce d’un temps nouveau : une vie humble de travailleur qui va commencer, sans bruit. Jésus, humblement, va s’imprégner de toutes les rencontres. Quand, à l’âge de trente ans, il pourra entamer sa mission, Jésus aura appris les  joies, mais aussi les souffrances et les espérances de ses frères humains. En prenant un travail salarié, Charles de Llobet se dépouilla de toute autorité et vécut humblement. Par ses multiples rencontres, il a vécu l’écoute respectueuse, la compréhension des difficultés de la  vie et des souffrances humaines, les solidarités. La formation d’une âme sacerdotale se poursuivait ainsi, selon le mot du cardinal Saliège : « dans la lecture du livre vivant qu’est l’homme ». L’humble témoignage de la crèche : c’est celui du dépouillement, vécu dans la joie.

Suivre Jésus au Calvaire.  Consciemment, pour accomplir sa mission, Jésus avait pris des risques : aimer, c’est un acte gratuit qui comporte le risque d’être incompris. Le risque de l’amour, pour Jésus, ce fut d’être rejeté et ce fut la Croix. Pour celui qui s’efforce de devenir son disciple, il y a le risque d’être incompris et d’en souffrir. Il arriva à notre ami de vivre des moments d’incompréhension. La vie humaine comporte des accidents de santé. « C’est dur » me dit-il  au cours de mes visites à la Clinique des Cèdres.

Au long des dernières années, sa santé, vous le savez bien, Chers Amis, se dégrada insensiblement. Il en fut toujours parfaitement conscient, et il savait l’évolution, faisant preuve d’une énergie surprenante. Voici quelques mois, Charles, qui était seul à ce moment-là, demanda le sacrement de l’onction des malades à l’aumônier : moment inoubliable, dans le silence, quand Charles tendit les mains pour recevoir l’onction  Charles acquit toujours la sympathie du personnel soignant. Vos visites, vos appels téléphoniques l’ont bien aidé. Mais il était une autre visite qu’il attendait.                                      

Suivre Jésus au Tabernacle. « Je suis le pain vivant, descendu du Ciel. Celui qui mangera ce pain vivra à jamais » (Jean, ch. 6, verset 51). Présence du Christ qui se donne chaque jour dans l’Eucharistie, en l’hostie consacrée. Signe de l’Amour absolu du Seigneur qui se donne ainsi. Notre frère Charles puisait son énergie à cette nourriture,   source merveilleuse pour pouvoir être soi-même donné. L’humble prière le nourrissait aussi, comme lors de notre dernière rencontre, il y a une dizaine de jours, il me demanda de lui donner son chapelet. Charles de Llobet avait le sens du service et de l’engagement social. Il fut toujours prêt à rendre service. Il ne cherchait pas à faire œuvre de propagandiste. Charles était totalement donné. Il a accompli le ministère jusqu’à l’extrême limite Fin décembre dernier, à l’EHPAD, pour la messe de Noël, Charles put encore concélébrer avec le prêtre mais il n’eut pas la force de donner aussi la communion. Jusqu’au bout,  notre frère  Charles aura revêtu la tenue du serviteur, comme Jésus qui a donné l’exemple en lavant les pieds de ses disciples. 



Commentaires